En cette fin du mois d'octobre, quoi de plus approprié que d'évoquer la plus connue des célébrations mexicaines, à savoir le jour des morts ? En effet, lors de la rédaction de notre dernier article de blog portant sur les fêtes au Mexique, nous avons réalisé que ce journal ne comportait à ce jour aucun article à propos du fameux "dia de los muertos". Et pourtant, le sujet est loin d'être ennuyant comme nous allons le voir dans les prochains paragraphes !
Entrons dès maintenant dans le vif du sujet : bien que se déroulant à la même période, la fête des morts est à distinguer d'Halloween et se rapproche davantage de la Toussaint que nous connaissons en France, car celle-ci possède une dimension religieuse et traditionnelle visant à commémorer les défunts au sein des familles. Petite nuance cependant : au Mexique, cette célébration s'effectue dans une atmosphère particulièrement joyeuse et conviviale. C'est un moment de partage chaleureux qui permet de se souvenir des personnes disparues durant un temps donné. Et d'ailleurs, savez-vous quand a lieu la fête des morts ?
Contrairement à ce que l'on pourrait penser avec notre biais bien français, elle ne se tient pas le 31 octobre comme Halloween mais les 1er et 2 novembre. Ce premier jour du mois est dédié aux enfants décédés tandis que le second est dédié aux adultes. Dans certaines régions, les célébrations peuvent néanmoins s'étendre sur toute la semaine. Pensez donc bien à vous renseigner si vous souhaitez partir au Mexique à cette période !
Si vous vous demandez quelles sont les origines de cette fête, sachez qu'elles sont plurielles. En effet, elle se compose d'un mélange entre les rites des civilisations précolombiennes et les rites catholiques diffusés par les Européens lors de la conquête espagnole. Néanmoins, la raison d'être de cette célébration puise sa source dans une interprétation positive de la mort, propre aux cultures préhispaniques pour lesquelles le deuil était considéré comme une posture irrévérencieuse à l'égard des défunts. Car c'est en les célébrant dans la joie que nous les invitons à rejoindre paisiblement et ponctuellement le monde des vivants.
Dans cet article, nous allons justement nous concentrer sur ce dernier point : comment les Mexicains s'y prennent pour attirer leurs proches décédés lors de la fête des morts, et quelle symbolique placent-ils derrière tout ça ? Bonne lecture à vous !
- Une image forte : la Catrina
Si vous n'êtes pas familier avec la culture mexicaine, il y a tout de même de fortes chances pour que vous la connaissiez déjà. Avec sa couronne de fleurs, son maquillage "tête de mort" et sa robe aux détails sophistiqués, le personnage de la Catrina est désormais célèbre bien au-delà des frontières mexicaines. Devenue au fil des décennies une image commerciale emblématique, elle est véhicule un message fort et cher au peuple mexicain...
Au XIXème siècle, José Guadalupe Posada choisit d'illustrer des femmes mexicaines adoptant les toilettes des riches Européennes et reniant ainsi leurs origines. C'est une manière pour lui de se moquer de cette attitude qu'il juge ridicule, dans la mesure où quelle que soit notre allure, nous possédons tous le même squelette. Vous comprenez le lien avec le jour des morts ? ;)
À l'époque, l'illustration ne fait malheureusement pas de Posada un homme célèbre et il faudra attendre 1947 pour que Diego Rivera, peintre le plus connu du Mexique, représente la Catrina dans une oeuvre majestueuse, lui procurant ainsi toute sa reconnaissance moderne.
- La fleur des morts : l'oeillet d'Inde (ou cempasúchil)
Que vient faire l'Inde dans un article sur le Mexique ? Figurez-vous que ces deux pays, pourtant très éloignés l'un de l'autre, partagent le même intérêt pour cette fleur orange et volumineuse. Au Mexique, les civilisations précolombiennes l'utilisaient déjà pour célébrer les défunts, pensant qu'elle était un cadeau du dieu du soleil.
De nos jours, les mexicains poursuivent ce rite et tapissent de fleurs les tombes et les autels afin d'attirer les morts grâce à leur parfum délicat. Les cimetières deviennent ainsi des lieux colorés, dans lesquels on se recueille durant toute la nuit en partageant de la nourriture et en jouant de la musique. Au Mexique, la mort est une fête !
- La fragilité de la vie : le papel picado
Si elle est une parfaite activité pour occuper vos enfants lors des mercredis kids, la technique de découpage du papier de soie est considérée comme un art populaire au Mexique. Appelé "papel picado", ce savoir-faire véhicule l'éphémère de par sa composition : des papiers découpés rassemblés en une guirlande que l'on suspend dans les rues. On l'utilise donc lors de la fête des morts afin de représenter le vent et l'élément "air", puisque les quatre éléments sont suggérés lors des célébrations !
La majorité des guirlandes de papel picado sont aujourd'hui confectionnées de façon industrielle cependant, il existe toujours des ateliers de fabrication artisanale, et vous savez à quel point ce détail est important pour nous chez Mapache ;)
Sur les rectangles de papier, on représente des scènes de vie et chaque couleur possède une signification. On les utilise lors du jour des morts, mais également à l'occasion d'autres types de célébrations telles que la fête nationale ou les anniversaires.
- Entre la vie et la mort : les calaveras & les calaveritas
Ces têtes de morts font partie des offrandes les plus communément disposées par les mexicains lors de la célébration. Ces crânes s'invitent partout et sous toutes les formes : en céramique ou en sucre, ils symbolisent la mort mais aussi la vie grâce à des décorations colorées. Sous celles en céramique, on écrit même le prénom du défunt afin qu'il sache que cette offrande lui est destinée.
Bien que ces objets puissent nous paraître un brin sombres, ce qu'ils suggèrent est positif dans la mesure où ils invitent à appréhender la mort avec légèreté, sans trop la prendre au sérieux. Car aux yeux des mexicains, elle fait simplement partie d'un cycle, au même titre que la vie.
- Une source d'énergie : le pain des morts & autres nourritures
Lorsque vous entreprenez un long et éprouvant voyage, vous ne diriez pas non à un délicieux repas à l'arrivée, n'est-ce-pas ? Pour la fête des morts, c'est le même principe ! On considère que le voyage des défunts vers le monde des vivants mérite bien un petit ravitaillement, c'est pourquoi les mexicains disposent sur l'autel des boissons et des plats qui étaient
Ce petit pain rond est en réalité une brioche parfumée à la fleur d'oranger, que l'on déguste souvent avec un chocolat chaud. Cette description tout en douceur tranche avec son apparence un tantinet macabre, puisque sa forme suggère un crâne et des os. Littéralement, on mange la mort avant qu'elle ne nous mange : encore une manière de se jouer du sombre sort qui nous attend.
Cette tradition puise son origine dans un rite précolombien bien moins sympathique, qui consistait à offrir aux morts le coeur (encore battant, bien entendu) de jeunes filles sacrifiées. À l'arrivée des Espagnols, il a été décidé que l'on remplacerait le coeur par une jolie petite brioche afin d'épargner un sacré nombre de jeunes filles !
-
Nous espérons que cet article vous aura permis d'en savoir davantage à propos de cette célébration fascinante et n'oubliez pas de vous abonner sur Instagram pour être informé.e des nouveaux articles publiés ici !